Leçon 6 : le traité des catégories


I. Place de la logique, l’être et les catégories


La logique est la propédeutique de toute science, et n’a d’objet final que les formes que peuvent prendre les raisonnements. Mais avant l’étude de ces derniers, il faut étudier la proposition, et plus avant encore, les catégories qui sont dites sans liaison, notions (synonymes) et non noms (représentés par les homonymes).

Le traité des catégories est le premier texte de l’Organon, la logique aristotélicienne, qui est une propédeutique à l’enseignement de toute la philosophie théorétique, pratique et poétique. Contrairement à la division, devenue classique depuis les stoïciens, en logique, physique et éthique, Aristote ne considère pas la première comme une science indépendante, mais comme un simple outil. Contrairement aux autres traités logiques, les catégories appartiennent à la philosophie première ; ainsi, comme leur nom l’indique (categorein signifie prédiquer, accuser), c’est l’être qui est visé, son essence, son terme, et ses genres. Dès à présent on gardera donc à l’esprit la différence entre dire quelque chose d’un sujet et être dans un sujet.

Les catégories « expriment quelque chose de l’être » et sont attributs du sujet philosophique, et peuvent l’être du sujet grammatical (Hamelin, 7ème leçon). à l’exception de l’ουσία, malheureusement traduite par substantia par glissement de subjectum, première qui sera donnée à ce qui n’est attribut de rien : l’individu. Les catégories restantes seront apposées par la suite. Toutes sont les genres les plus généraux, irréductibles entre eux : ils sont des perspectives sur l’être et non un chemin unique de hiérarchie, comme chez Platon. En outre, elles ne comprennent ni l’Un ni l’être, généralement et outre mesure applicables à toutes choses.

Quand l’être pour Platon est le genre, l’universel, et comprend tout ce qui est, le sensible étant la pâle copie d’éternels archétypes, il devient pour le Stagirite πολλαχώς — multiple sans que l’on puisse le réduire à un genre unique.

Il y a donc, dès le départ, une désunion originelle de l’être, qui reçoit quatre significations principales :
- l’être selon les catégories ;
- l’être selon l’acte et la puissance ;
- l’être comme vrai (« cela est ») ;
- l’être par accident.


II. Le traité dans l’histoire


On ne s’imagine pas aisément la portée que possède ce traité, si ce n’est que celle historique ; selon Strabon et Plutarque, Sylla, après la prise d’Athènes en 86 avant notre ère, recouvre les livres d’Aristote, oubliés dans une cave, qui seront édités et classés à Rome par Andronicos de Rhode (-60). Au cours de l’antiquité plus tardive et du haut moyen âge, une éclipse des œuvres d’Aristote survient, sauf pour les traités de l’Organon et le traité De l’âme. En réalité les œuvres seront passés dans la civilisation arabe, et ne reviendront en Europe, par le biais des écoles de Tolède, d’Italie, ou des croisades, qu’au XIIe siècle.

On ne saura insister sur l’importance de la logique, qui n’est pas une finalité épistémique, mais le moyen d’en faire l’étude, importance confirmée par la division des disciplines, de l’antiquité à nos jours. Ainsi le Moyen Âge aura comme propédeutique — élargie — le Trivium (grammatica, rhetorica, dialectica) et le Quadrivium (arithmetica, geometria, astronomia, musica), tous deux formant les arts libéraux, pour organiser les esprits en vue du niveau supérieur des études en théologie, en droit ou en médecine, et le monde d’aujourd’hui encore garde plus ou moins le scel de cette histoire, avec des facultés en Art ou Philosophie (Allemagne, Angleterre, Grèce). La France aura divisée ces « Arts » en Lettres et Sciences, trivium et quadrivium...

On divise le traité des catégories en trois parties : les anteprédicaments, les prédicaments (les dix catégories per se) et les postprédicaments.


III. Le contenu du traité


1. Des homonymes, synonymes et paronymes


L’homonyme se dit des choses dont seul le nom est commun, et non la notion (λόγος, que l’on peut aussi rendre par « définition »). Aristote donne l’exemple de l’homme réel et de l’homme peint, tous deux animaux, mais de nom seul, puisque l’un d’eux ne vit pas. Ésope nous peint l’homonymie, par nature équivoque :

Une colombe pressée par la soif, ayant aperçu un tableau sur lequel était peint un cratère d’eau qu’elle crut véritable, descendit à grand bruit, se heurta par inadvertance contre le tableau. Elle tomba à terre, les ailes brisées, et fut prise par un passant.
Ainsi la violence des désirs de certains hommes les fait aveuglément se lancer dans une entreprise qui sera leur perte.
La colombe assoiffée

S’il est aisé de se représenter l’homonyme, puisqu’encore nous l’employons dans nos langues — sans pourtant faire référence à la peinture (en grec γράφειν, écrire veut dire écrire et dessiner) — il le sera bien moins pour le synonyme, lui univoque. Celui-ci se dit pour ce qui a le nom en commun, et aussi la notion. Par exemple, l’animal fera du bœuf et de l’homme des synonymes, puisque leur définition est la même, et le nom « animal ». A vouloir les deux, le grec devait ainsi avoir recours au genre, quand nous autres modernes n’avons conservé que la communauté de notion, et sacrifié le nom, par exemple autre et différent.

Le paronyme, enfin, est un dérivé d’après un nom : ainsi, le « grammairien » vient de « grammaire », et de « courage » vient « homme courageux ». Ainsi, les paronymes sont intermédiaires entre la sensibilité des homonymes et l’idéal des synonymes (pas un idéal « abstrait » cependant, comme pour nous autres).


2. Des différentes expressions


Des êtres dont on parle, certaines se disent avec une liaison (συμπλοκή), — « l’homme court » — les autres sans liaison, — « homme ».

Aristote passe alors à la variété des prédications, ou attributions :

● des êtres (όντα), certains sont affirmés d’un sujet, sans être dans aucun sujet. On les appellera l’universel, qui est substance seconde ; par exemple, si « l’homme » est dit d’un certain sujet, un homme particulier, il ne sera pas dans ce sujet.

● d’autres êtres sont dans un sujet, mais ne sont affirmés d’aucun sujet : l’accident particulier ainsi ne pourra être dit de quelqu’un ou quelque chose, car ce qu’on en dit est toujours général ; par exemple, cette « blancheur » doit être dans un corps, puisque toute couleur l’est.

● d’autres êtres sont affirmés d’un sujet, et dans un sujet : l’accident universel (la Science), est à la fois dans un sujet et est le prédicat d’un sujet, telle ou telle grammaire (la science générale).

● d’autres êtres ne sont ni dans un sujet, ni affirmés d’un sujet : la substance première, individuelle, le « ceci » (τοδέ τι) ; par exemple, « cet homme », dont l’être ne peut être ni dans un sujet (l’homme n’est pas en nous) ni dit d’un sujet (l’adjectif démonstratif est garant de l’unicité).


3. De la relation entre le prédicat et le sujet


Quand une chose est attribuée à une autre, comme à son sujet, toutes choses dites de l’attribut le sera aussi du sujet.
 

Des genres (τα γένη) différents, comme « animal » ou « science », vont induire des différences avec les espèces (τα είδη) ; ainsi « pédestre », « aquatique » et « ailé » ne feront de différence pour la « science », puisqu’elle est d’un autre genre.

Remarque de vocabulaire :
Το γένος (le genre), ainsi que η γένεσις (génesis, d’où genèse), viennent du verbe γίγνομαι, naître, devenir.
Το είδος (l’espèce), ainsi que το είδολον (l’idôle) et η ιδέα (l’idée), viennent du verbe είδω, voir, reconnaître.


4. Les catégories


Des choses dites sans liaison, chacune d’entre elles signifie la substance, la quantité, la qualité, la relation, le lieu, le temps, la position, la possession, l’action, la passion.

● la substance homme, cheval.
● la quantité, long-de-deux-coudées, long-de-trois-coudées.
● la qualité, blanc, grammairien.
● la relation, double, moitié, plus grand.
● le lieu, dans le Lycée, au forum.
● le temps, hier, l’an dernier.
● la position, il est couché, il est assis.
● la possession, il est chaussé, il est armé.
● l’action, il coupe, il brûle.
● la passion, il est coupé, il est brûlé.

Ces catégories sont les genres les plus généraux de l’Être, et elles ont préoccupés la philosophie pendant toute son histoire depuis. D’un être multiple, il faut les concevoir comme irréductibles les unes aux autres ; on ne compte plus les critiques philosophiques telles que celle qui prétend pouvoir réduire les six dernières catégories à la relation. Quand à celles d’ordre théologique :

Boèce ne veut pas affirmer autre chose que la transcendance de l’être divin, quand il met Dieu en dehors des prédicaments et dit, à ce propos, qu'en lui la substance n'est vraiment pas substance, mais dépasse cette notion.
Théol. cath., 1920, t.4, p.1130

Nous n’oublierons pas la signification du dieu des chrétiens : Ego sum, qui sum, Je suis celui qui suis, immuable. On oppose alors très souvent l’Être suprême au néant, comme d’ailleurs Aristote va plus tard séparer le premier moteur (il n’est pas un Dieu) à la pure indétermination, que l’on sait être la matière première.

La mer, qui ne marche point, est la source de la mythologie, comme l'océan qui se lève deux fois le jour, est l'abîme auquel a dit Jéhovah : « Tu n’iras pas plus loin. »
Châteaubriand, Mémoires, 1848, t.2, p.68

Mais on sait aussi que le verbe « être » est aisément, dans sa fonction de verbe attributif, dépouillé de toute signification et réduit à l’esclavage de copule. Et seul, comme l’Un, ils ne seront donc nullement des catégories supérieures, comme l’idée du Bien chez Platon, puisqu’ils n’ont aucun contenu (voir Métaphysique, B, 3, 998b21). Et de ce dernier ouvrage l’auteur nous éclaire sur la philosophie première (le mot « métaphysique » était inconnu d’Aristote), qu’elle est la science de l’être en tant qu’être. Mais cela ne nous concerne presque plus ici.
Un autre courant de critiques est lancé par des « grammairiens » tels que Trendel ou Benveniste, qui prétendent que les catégories sont d’ordre purement linguistique. Ainsi la substance serait l’écho du substantif, la qualité de l’adjectif, la relation des formes comparatives, etc. Il est certain qu’il n’est pas moins erroné, ni moins vrai, de dire que la déduction des catégories est empirique, et non logique ; pourquoi la grammaire viendrait-elle avant la préhension des catégories ?

Enfin, Aristote affirme que chacun de ces dix termes en lui-même n’affirme ni ne nie rien, par exemple homme, blanc, court, est vainqueur. Seule la liaison aura la vertu de faire signifier.


Problématique : Mais depuis, le développement de la connaissance a montré qu’on ne peut précisément constituer une science de l’être qu’en renonçant à le saisir en tant qu’être, et en le déterminant comme objet.
Alquié, La Nostalgie de l'être, Paris, P.U.F., 1950, p.119


5. De la substance


Il faut distinguer la substance première des substances secondes : celles-ci sont les espèces et les genres, et sont donc dites d’un sujet, sans être dans aucun sujet. Le caractère spécifique de ces substances est leur attribution synonyme (voir chap. 1).
La substance première (πρώτη ουσία), dans son sens primaire, est celle qui n’est affirmée d’un sujet, ni se trouve dans aucun sujet.

Mais la substance première est sujette à de graves dissensions, dues d’abord à l’ambiguïté du mot « substance », ουσία, et de l’être puisqu’elle est participe présent féminin — étant — de ce verbe, είναι ; Aristote l’emploie tantôt pour l’individu, le τόδε, alors qu’ailleurs il désigne d’elle le θεός (« dieu », le premier moteur) et les intelligences séparées, les astres. Est-elle l’être lui-même ? Est-elle la forme, la matière ou le composé des deux ? La Métaphysique (Z, 3) nous parle de la forme, les catégories, ne faisant aucune distinction entre forme et matière, et nous tente vers le composé.
Il est certain qu’elle n’est l’attribut de nulle autre chose, qu’elle est le sujet dernier d’attribution, au risque de régresser à l’infini : par exemple, si F est G, F ne sera pas substance première s’il existe un E qui est F. Si le E ne peut passer à droite du verbe, il sera l’ultime substrat.

De tous les êtres donc, il est certains qui sont d’une nature à ne pouvoir être véritablement prédiqués de quelque chose d’autre, comme « Cleon » ou « Callias », et tout ce qui individuel et sensible. Mais d’autres, au contraire, leur sont attribuées ; pour chacune de celles dont nous avons parlé, l’homme et l’animal.
Premiers analytiques, chap.27, 43a



Le premier caractère commun à toutes substances : elles ne sont dans aucun sujet, et ainsi s’opposent à l’accident, dont la nature est d’être dans un sujet sans participer à la définition de ce dernier — le blanc ne définit pas le corps dans lequel ils sont — et ne saurait être une substance troisième car elle ne détermine pas la qualité d’une substance (3b20).
Les autres caractères sont que les substances n’ont aucun contraire (homme ne connaît pas la contrariété), ne sont pas susceptible de plus ou de moins (l’homme ne sera ni plus ni moins homme que lui-même) et sont aptes à recevoir les contraires (l’homme individuel est tantôt bon, tantôt méchant).


6. Des autres catégories


La quantité est soit discrète (nombre, discours), soit continue (ligne, surface, solide, temps, lieu). La quantité, tout comme la substance, ne souffre aucun contraire. La quantité n’est pas capable de degré, de plus et de moins : une chose longue de deux coudées ne sera pas plus ou moins longue qu’une autre chose longue de deux coudées ; trois ou cinq ne sont pas dit être plus que trois et cinq, ni trois plus que trois. Le caractère spécifique de la quantité est que l’on peut lui attribuer l’égal et l’inégal.

On dit des choses relatives qu’elles dépendent ou se rapportent toujours à quelque chose d’autre : ainsi, le double sera double d’une moitié ; le plus grand n’est dit que de quelque chose de plus petit. Deux caractères de beaucoup de relatifs sont la contrariété et la susceptibilité de plus et de moins (de degré), mais certains, comme le double par exemple, n’ont pas de contraires. Dans la plupart des cas, les relatifs paraissent simultanés (si la moitié existe, le double existe).

La qualité est ce par quoi on dit d’un être qu’il est tel. On notera d’emblée la solidarité entre qualité et substance, puisque Aristote, dans la Métaphysique, dit de celle-ci qu’elle est la différence de la substance (Δ, 14). La qualité peut être habitude, ou bien manière d’être (έξις), capacité ou incapacité naturelle, qualités affectives, figure et forme extérieure (σχήμα et μορφή). La qualité est apte à la contrariété (justice, injustice par exemple), mais sans être un caractère nécessaire ni suffisant (certaines couleurs n’auront pas de contraire) ; susceptible de plus et de moins ; d’être dite semblable ou dissemblable.
Aristote clôt le chapitre en insistant sur ce qui est un point fondamental de sa philosophie des catégories : si certaines qualités peuvent aussi être des relatifs (la disposition, l’affection, etc.), cela tient non aux espèces, mais aux genres, qui sont des termes relatifs. Essentiellement, la science (genre) sera relative car elle sera dite de quelque chose ; une de ses espèces, comme la grammaire, ne le sera que par rapport au genre : on dira science de quelque chose et non grammaire de quelque chose. Cela montre surtout que les catégories sont des points de vue sur le monde et non une univocité de quelque chose.

L’action et la passion admettent la contrariété (échauffer et refroidir) et le degré (échauffer plus ou moins). Pour l’étude de la position, Aristote renvoie au chapitre des relatifs. Pour les catégories restantes non plus, il ne donne aucune précision, sinon quelques exemples évidents (au Lycée pour le lieu, etc.)



7. Les postprédicaments


Une chose est dite opposée de quatre façons — ses espèces :

(1) Comme relative : le double à la moitié, et en général tous les termes qui sont dit d’autres choses.
(2) Comme contraire : le mal au bien, et tous les termes qui, sans être en relation essentielle, sont dits être contraires.
(3) Comme privation et possession (έξις) : la cécité et la vue, qui tous deux ont un même sujet, l’œil, et pour lequel cécité est dit privation puisque naturellement cet organe est apte à posséder la vue.
(4) Comme affirmation et négation : il est assis, il n’est pas assis. Ici s’impose, au-delà de simples termes comme cités pour les espèces de l’opposition ci-dessus, la réflexion que la chose est dite par liaison ; du mal et du bien (contraires) les deux seront faux si leur sujet n’existe pas :

Socrate est malade.
Socrate se porte bien.

Dans ces propositions contraires, il ne sera pas nécessaire que l’une sera vraie et l’autre fausse. Certainement, si Socrate existe, il sera soit malade soit en bonne santé ; mais s’il n’existe pas, les deux propositions seront fausses. Mais dans des propositions d’affirmation et de négation, il faudra toujours que l’une soit vraie et l’autre fausse, indépendamment de l’existence du sujet. Ce caractère, appelé la contradiction, saura ainsi séparer le vrai du faux.

Socrate est malade.
Socrate n’est pas malade.

Si Socrate existe, l’une de ces propositions sera vraie, et l’autre fausse. Et s’il n’existe pas, dire qu’il est malade sera faux ; qu’il ne l’est pas, vrai.

Un exemple de contraires est celui du mal contraire au bien, induit à partir des couples maladie-santé, injustice-justice, lâcheté-courage, etc. Quelquefois, le mal est aussi contraire au mal, par exemple le luxe et la misère, tous deux des excès contraires à la mesure, qui est bien. L’existence d’un contraire n’implique pas nécessairement l’existence de l’autre : si tous se portent bien, la maladie ne sera pas. En outre, l’existence de l’un quelquefois détruit l’autre : si Socrate est bien portant, il ne saura être malade. Ainsi il faudra séparer le sujet siège des contraires en puissance, du sujet ayant l’un des contraires en acte. Il faut aussi que les contraires soient dans un même genre (le blanc et le noir sont espèces du genre couleur), soit dans des genres contraires (la justice et l’injustice ont respectivement pour genre la vertu et le vice), soit des genres eux-mêmes (le bien et le mal sont genres sans être dans un genre).

L’antérieur, ou la priorité, est d’abord dit selon le temps, qui détermine qu’une chose soit plus ancienne qu’une autre, si elle lui est antérieure. L’antérieur est aussi dit de ce qui n’admet pas la réciprocité logique : par exemple, le nombre un est antérieur au nombre deux, puisque le deux implique le un, mais non l’inverse. On le dit également selon l’ordre, par exemple, en géométrie, les éléments (axiomes, postulats...) qui sont antérieurs aux propositions, en grammaire, les lettres aux syllabes, en discours, le préambule à la narration. Un dernier sens serait l’antériorité du meilleur : ainsi on dit de l’homme que l’on estime le plus qu’il est le premier. Aristote ajoute à ces acceptions une cinquième, qui postule qu’est antérieure la cause de quelque chose, par rapport au jugement que l’on en énonce : réciproquement, le jugement vrai ne sera pas cause de l’existence de la chose. Cet ordre logique est également développé en dernier dans Mét. Δ, 11, où Aristote avait aussi et tout d’abord admis l’antérieur selon le lieu (ce qui est proche), selon le mouvement (l’enfant antérieur à l’adulte pour la génération), etc.

Les choses sont dites simultanées quand leur génération a lieu en même temps. Elles le sont par nature quand elles se réciproquent sans que l’une soit cause de l’autre : le double et la moitié par exemple (second et cinquième sens d’antérieur). On dit aussi simultanées les espèces divisées dans un même genre ; l’ailé, le pédestre et l’aquatique, par exemple, ont pour genre animal et sont opposés et simultanés ; mais le genre lui-même est toujours antérieur aux espèces : si l’aquatique existe l’animal existe, mais celui-là ne sera pas nécessairement si celui-ci est.

Il y a six espèces de mouvement [changement] :

(1)(2) La génération et la destruction (selon la substance)
(3)(4) L’accroissement et le décroissement (selon la quantité)
(5) L’altération (selon la qualité)
(6) Le changement local (selon le lieu)

On se référera notamment à la Physique, III et VII, 2 et Mét. Z, 7.

Voir aussi : les Catégories chapitre par chapitre.

 

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